Un peu d’histoire

C’est en hiver 1975 – 76 que le quartier de l’Ouest de la ville de Sion fut réveillé un samedi matin à 04h00 par une joyeuse bande, décidée d’annoncer haut et fort le Carnaval : La Guggenmusik Eksapette est née !

Les deux instigatrices, Mmes Lescaut Christiane et Jenny Manu, s’étaient présentées un soir de répétition de l’Harmonie municipale de Sion avec crayon et mètre à la recherche de musiciens prêts à jouer le jeu. Vêtu d’un costume traditionnel africain, une bonne douzaine s’est ainsi retrouvée à chahuter dans les rues de la capitale. Par son enthousiasme et sa joie de vivre, Eksapette a su donner l’envie de faire partager sa musique et son esprit carnavalesque à plus d’un.

D’année en année le groupe s’est agrandi et sa musique s’est améliorée. Son dynamisme l’a entraîné hors Sion dans des carnavals réputés comme Brig, St-Maurice, Martigny, Monthey, Moudon, Lausanne, Payerne, Châtel-St-Denis, Fleurier et Wohlen. Mais aussi à Chalon-sur-Saône, Metz, Besançon, Levier, en France et Tournai en Belgique. Eksapette a marqué les gens et laissé le souvenir d’un groupe chaleureux qui a la joie de vivre : Grandson en 2011, nous avons obtenu le premier prix (un jambon) et en 2012, le titre de « Champion des Alpes » à Anzère, lors de la fin du carnaval.

Aujourd’hui nous comptons une quarantaine de membres actifs et une bonne dizaine de membres d’honneur. Notre entrée dans les sociétés locales de la ville de Sion nous a donné l’occasion, lors de la fête de la St-Cécile, de nous produire dans une église.

Nous en sommes très fiers sachant que beaucoup de nos musiciens n’ont jamais joué d’instrument avant d’adhérer à notre groupe. Nous espérons entretenir encore longtemps la flamme du carnaval dans le coeur des gens et pouvoir faire vibrer, par notre folie carnavalesque, les différents carnavals.

Texte original de Manu Jenny, membre fondatrice de la guggenmusik Eksapette

Naissance et premiers pas d’Eksapette

En 1976, quelques carnavaleux fondèrent la société du Carnaval de Sion.

La ville fut partagée en 4 quartiers : le sud – le nord – l’ouest et le centre ville. Dans chaque quartier, une personne fut chargée de son animation. Mme Christiane Lescaut, habitant le bâtiment de « La Matze », fut responsable du quartier de l’ouest.

Soucieuse d’animer son quartier, elle fit paraître une petite annonce dans le Nouvelliste, demandant l’appui de personnes de bonne volonté pour animer l’ouest de la ville. La connaissant vaguement, je l’ai contactée.

Etant depuis toujours une fanatique du Carnaval, et ayant chaque année assistée au carnaval de Bâle, mon mari étant bâlois, je trouvais les « Guggemusik » géniales, j’en parlais donc à Christiane qui, elle aussi, en fut enthousiasmée.

Seulement, qui dit Gugge ! dit musiciens ! A nouveau, elle remit une annonce dans le Nouvelliste faisant appel à ces oiseaux rares ! Une seule réponse : un tambour de marche ! et quelle marche au pas cadencé ! il s’agissait de : Ernest Salamin, évidemment, pas très Gugge !

Aussi, ce fut la chasse parmi les copains ! Je dénichais : Reynald Melly, père de Sophie, Léonardin, toujours prêt à s’amuser, libre car le Carnaval de St-Léonard était en panne à ce moment-là. Ayant rendu service à la Guinguette (instruction pour le montage des perruques),

René Rey nous « fourni » René Ebener, de Bramois.

Alors, j’appelais à mon aide Jacques Gianadda, membre de l’Harmonie et fondateur de « L’as qu’on rigolle ». Par gentillesse et camaraderie, il fit ma propagande au sein de l’armonie de Sion et réussit à convaincre, de nous rejoindre, Wflly Bregy – Dominique Sartoretti – Max Trachsler et William Barmaz.

Il était temps : 15 jours avant le Carnaval ! A notre petit contingent ! on peut ajouter mes 4 enfants : soit Frédéric, Patrick, Sabine et Nicole, au bruitage ! comme moi-même.

Christiane Lescaut travaillant à l’association des entrepreneurs (AVE), nous avons eu la possibilité de faire les répétitions, soit : 2 ! au sous-sol de ladite association.

Pour défiler, il nous fallait bien un nom. Triturant nos méninges, on cherchait un nom avec le mot « band » mais ce n’était pas terrible. Christiane, toujours tonitruante, résuma ainsi la situation : « il nous faut un nom qui sonne, un nom qui pete !  » alors Reynald Melly lui rétorqua « Et que ça pete ! » Voilà on était baptisé, Eksapette était née !

Ne mesurant pas la portée de mes paroles, dans mon enthousiasme, je leur dis « pour les costumes, pas de problème ! je vous les confectionne ! » Je ne savais pas où je mettais les pieds ! Et cela dura 15 ans.

Le premier déguisement fut : les nounous noires ! (encore très prisée par Max ! ). Aux 2 répétitions, les membres de l’Harmonie ne furent pas présents, excepté Bregy j’ai donc confectionné les costumes sans les connaître et pour la touche finale : longueur des manches, longueur cle la robe et ajustage de la cagoule, la veille du Carnaval, j’ai été les quérir au local de l’Harmonie durant la répétition, au grand dam de josph Géroudet, président de celle-ci.

Le lendemain matin : samedi du Carnaval, a 6h diane, on se lançait à l’assaut du quartier de l’ouest. On était 13 – et ça nous a porté bonheur.

Notre répertoire : La petite Marie / Carreau cassé / Marguerite / Et Chef un p’tit verre… très important !

Ce n’était pas des plus vastes mais on les jouait cle bon cœur et le public car il y en avait qui ouvraient les volets, venait aux fenêtres, sur les balcons, en robes de chambre, trouvait cela très drôle et nous lançait des piécettes comme aux musiciens ambulants. 28 frs 45 que nous avons récoltés ! qui dit mieux ? on s’est payé des croissants !

Le premier dîner, mon mari ayant négocié sa gratuité en compensation d’une petite animation, a eu lieu à la Migros : escalope garnie mais avec Coca ! la Migros ne vendant pas d’alcool ! ça nous a tout de même fait plaisir.

L’après-midi à 13 h 30, « encolonnement » à la Rue des Tonneliers, c’est le moment que choisit jacques Gianadda pour venir récupérer Willy Bregy et sa grosse caisse : il était membre de « L’as qu’on rigole », nous on rigolait moins. Les tambours de Vétroz participant également au cortège, je les connaissais car ils s’habillaient aussi à l’AVE.

Je me précipitais vers M. Boulnoix, leur tambour-major, et après négociation, il a eu la gentillesse de prêter à  » l’as qu”on rigole  » 2 tambours de sa clique en compensation de la grosse caisse et Bregy qui réintégra nos rangs.

Le cortège fut très apprécié des Sédunois. Après celui-ci, on fit encore quelques haltes musicales devant certains bistrots, notamment au « Rendez-vous » (tenu par les parents de Max). Puis fourhus mais heureux, l’on se quittait sachant que l’année suivante, Eksapette reprendrait du service.

1975 fut le baptême du feu, Eksapette était sur Ies rails.

Ce bon debut nous fit une certaine réclame et ainsi, plusieurs personnes vinrent grossir nos rangs soit : Eloi Bruttin, Stéphane Antonioli, Nicole Pellaud, Jean-Marie Zanardini, Patrick Rey.

En 1977, ayant plus de temps à disposition avant les festivités, je décidais de confectionner un costume plus « sexy » que les nounous. Ce fut les « sirènes ». Longues perruques blond-roux, masques « pin-up », soutien- gorge : coquillage, hanches rebondies et jupes fendues très haut, le côté sexy était parfait ! Pour ce faire, j’ai utilisé un plastic argent du plus bel effet ! Mais je n’avais pas pensé que les hommes marchent à grandes enjamhées…

Comme on marchait depuis 6h00 du matin, à midi, tous les costumes masculins étaient déchirés sur le côté ! Qu’une seule solution, raccommoder ! Aussi, Christiane et moi-même, au lieu de manger à midi, (dommage, le repas excellent était chez « Tchett Tchett » – qui nous fit un prix doux) avec de nombreux rouleaux de papier collant, on répara les dommages !! Depuis, les costumes furent moins ajustés ! et plus solides.

Cette mésaventure nous apprit que 2 costumes nous étaient nécessaires. Un « petit » costume, toujours le même, durant de nombreuses années, réservé au matin, et un « grand » costume, nouveau, changeant chaque année pour l’après-midi du Carnaval et d’éventuelles sorties qui suivaient.

En ce temps-là, le Carnaval de Sion n’avait lieu que le samedi. Alors, sur notre lancée, l’on participa le lendemain, dimanche, au Carnaval de Bramois. A nouveau, le succès fut au rendez-vous. A l’issue du cortège, Riquet Dubuis, musicien très connu, nous invita à un apéro dans un carnotzet du bled car ayant des enfants – Carmen et Dimitri également musiciens – il voulait fonder aussi une Gugge et nous demanda tous les renseignements concernant l’orgariisation d’un tel groupe et ainsi en 1978, l’année suivante, il créa « Carnaband » en quelque sorte « des cousins » !

La diane à 6h00 du matin eut lieu durant 3 ans. Ensuite, les Sédunois, mécontents d’être réveillés si tôt, demandèrent une diane a 7h, heure de police. Ainsi en 1978, venus sur la pointe des pieds, a 7h00 pile, on sonnait la diane sous les arcades, devant le poste de police ! Bon enfant, un agent, une Bouteille à la main, vint nous servir un verre ! Du vin blanc a 7h00 du matin, pour moi, ce fut dur… dur.

La diane fut ensuite supprimée, l’ouverture du Carnaval fut déplacée au jeudi soir.

En 1978, le comité du Carnaval de Sion donna un thème : « samba » ! Du coup, je fis un costume de perroquet, quoi de plus sud-américain que le perroquet ? Nos partitions musicales suivirent la même tendance, c’était « maxi ».

Petit à petit, le Carnaval de Sion prit de l’envergure, les efforts des groupes locaux portaient leur fruit.

Visant toujours plus haut et très soutenue par le groupe, je téléphonais à M. Germanini, Grand Vizir du Turkrenbund – Brigue, afin de pouvoir participer au cortège du dimanche de Brigue à travers la Mekka du Haut-Valais. Notre manière de jouer, nos rythmes sud-amérioains, nos costumes, firent un tabac.

Un jeune trompette – Dany Volsen, dissident des Rafigifäger – fut tellement enthousiasme, qu’il voulut fonder un groupe similaire au nôtre. Avec son père, ils vinrent me trouver à mon domicile, je leur donnais tous les renseignements possibles et il fonda les « Sombreros » un peu à notre image et du coup, racheta tous nos costumes « perroquet ». En quelque sorte, ils furent nos petits frères.

Eksapette avait maintenant 3 carnavals d’existence… Eksapette était sur de bonnes voies.

Au fil des années, la Gugge s’agrandit et agrandit en même temps son rayon d’actions, fit des sorties mémorables : en effet, outre les carnavals valaisans, je puis citer : le Carnaval de Besençon, la Vogue de Carouge, la Fête de la Montre à la Chaux-de-Fonds, la Fête des Vendanges à Morges, etc… etc…

Pour notre 10ème anniversaire, nous avons animé le Carnaval de Chãlon-sur-Saône où la presse nous réserva la Une du journal, titrant : « Les petits Suisses nous ont appris ce qu’est le Carnaval ! ». Ainsi, nous avions fait nos premiers pas, il ne nous restait qu”à grandir, en nombre, en années mais guère en sagesse !

Voici encore quelques notes sur notre organisation :

Chef musical : Max Trachsler

Caissière : Christiane Lescaut dit « Picsous »

Présidente : Manu Jenny + confection des costumes bénévolement, aidée par Christiane

et plus tard, pour une petite part, par les dames Sociétaires.

Pour assurer notre subsistance et frais de masques et costumes, l’on vendait des cartes de sympathisants, agrémentées d’une photo du groupe, de l’année précédente : frs 5 au minimum, au-dessus selon le bon cœur de l’acheteur.

Nous avions aussi des cotisations annuelles soit :

frs 60.– pour les membres adultes travaillant

frs 40.– pour les apprentis.

frs 25.– pour les étudiants.

En outre, l’on revendait nos costumes, en general en bloc. Les Eksapétiens pouvaient l’acquerir : leur costurne et leur masque pour frs 100.–. Le prix du car et la subsistance étaient aux frais des carnavals qui nous invitaient. Les costumes étaient stockés dans mon galetas.

Un jour de folie, Christiane trouva qu’il était plus esthétique, lorsque l’on défilait, d’avoir tous les mêmes chaussures ! On acheta donc des chaussures pour chacun, luxe extrême qui ne s’est vu qu’a Eksapette !

Chaque pièce du costume soit : souliers, chaussettes ou bas, costume, masque (monté avec perruque sur casque de chantier), pélerine de pluie et accessoires, portaient un numéro ; ce numéro remplaçait le nom du musicien, trop long à ecrire.

Exemple : Christiane Lescaut 8 / Max Trachsler 16

En rangeant les costumes dans mon galetas, je vérifiais ainsi si toutes les pièces étaient là, chacun étant responsable de son matériel. Par ce système, il n’y a guère eu de perte ! (Quelquefois, il a manqué une chaussette, donc on avait un unijarnbiste !)

Quelques années plus tard, le chef brasseur de la Brasserie de Sion, M, Müller, que je connaissais bien, eut la gentillesse de nous laisser à disposition, pour nos répétitions, la grande salle de la Brasserie, au 3ème étage, avec ….

Bières au tonneau à volonté !!   qui dit mieux ?

A lui, toute notre gratitude.

Vous sachant sur la Bonne voie, après 15 ans d’activité,

la responsabilité d’Eksapette devenant un peu lourde pour moi,

je vous quittais …. sans aller trop loin, juste à l’autre bout de la Rue de Conthey,

d’où je suis votre parcours… avec plaisir évidemment.

Membres fondateurs :

Manu Jenny

Christiane Lescaut

Max Trachsler

Reynald Melly

Willy Bregy

Ernest Sadamin

René Ebener

Dominique Sartoretti

William Barmaz

Frédéric Jenny

Patrick Jenny

Sabine Jenny

Nicole Jenny